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Conte de Sagesse ✹🌟🌞💕

Un paysan Chinois suscitait la jalousie des plus riches du pays parce qu’il possĂ©dait un cheval blanc merveilleux. Chaque fois qu’on lui proposait une fortune pour l’animal, le vieillard rĂ©pondait :

— Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal, pour moi, c’est un ami, je ne peux pas le vendre.


Un jour, le cheval disparut. Les voisins rassemblĂ©s devant l’étable vide donnĂšrent leur opinion :

— Il Ă©tait prĂ©visible qu’on te volerait ton cheval. Pourquoi ne l’as-tu pas vendu ?

Le paysan se montra plus dubitatif :

— N’exagĂ©rons rien, dit-il. Disons que le cheval ne se trouve plus dans l’étable. C’est un fait. Tout le reste n’est qu’une apprĂ©ciation de votre part. Est-ce un bien, est-ce un mal? Je ne connais pas la fin de l'histoire.


Quinze jours plus tard, le cheval blanc revint. Il n’avait pas Ă©tĂ© volĂ©, il s’était tout simplement sauvĂ© et ramenait une douzaine de chevaux sauvages avec lui.

Les villageois s’attroupùrent de nouveau.

— Tu avais raison, ce n’était pas un malheur mais une bĂ©nĂ©diction.

— Je n’irai pas jusque là, fit le paysan. Contentons-nous de dire que le cheval blanc est revenu. Est-ce un bien, est-ce un mal? Je ne connais pas la fin de l'histoire.

Les villageois se dispersÚrent, convaincus que le vieil homme déraisonnait. Recevoir douze chevaux était indubitablement un cadeau du ciel. Qui pouvait le nier ?


Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L’un d’eux le jeta Ă  terre et le piĂ©tina. Les villageois vinrent une fois de plus donner leur avis :

— Pauvre ami ! Tu avais raison, ces chevaux sauvages ne t’ont pas portĂ© chance. Voici que ton fils unique est estropiĂ©. Qui donc t’aidera dans tes vieux jours ? Tu es vraiment Ă  plaindre.

— Voyons, rĂ©torqua le paysan, n’allez pas si vite. Mon fils a perdu l’usage de ses jambes, c’est tout. Est-ce un bien, est-ce un mal? Je ne connais pas la fin de l'histoire.


Quelques temps plus tard, la guerre Ă©clata et tous les jeunes gens du pays furent enrĂŽlĂ©s dans l’armĂ©e, sauf l’invalide.

— Vieil homme, se lamentùrent les villageois, tu avais raison, ton fils ne peut plus marcher, mais il reste auprùs de toi tandis que nos fils vont se faire tuer.

— Je vous en prie, rĂ©pondit le paysan, ne jugez pas hĂątivement. Vos jeunes sont enrĂŽlĂ©s dans l’armĂ©e, le mien reste Ă  la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Est-ce un bien, est-ce un mal? Je ne connais pas la fin de l'histoire.


Quelques mois plus tard, la guerre se termina. Certains n’en revinrent pas. D’autres rentrĂšrent, couverts de gloire et chargĂ©s d’un riche butin de guerre.

— Tu n’as pas de chance, dit le voisin, ton fils n’est pas revenu riche de la guerre.

— Est-ce un bien, est-ce un mal? Je ne connais pas la fin de l'histoire, dit le paysan.


« Richesses vite accumulĂ©es, richesses vite dilapidĂ©es » dit le proverbe. Et la misĂšre revint, encore plus dure Ă  supporter aprĂšs une pĂ©riode d’abondance.

— Tu as de la chance, dit le voisin. Ton fils n’est pas rentrĂ© riche de la guerre, mais il n’est pas tombĂ© dans cette misĂšre noire et dĂ©primante oĂč sont en train de sombrer nos propres enfants.

— Est-ce un bien, est-ce un mal? Je ne connais pas la fin de l'histoire.



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